C'était un secret de polichinelle bien gardé par certains élus du conseil communautaire. Devant être dévoilé en grande pompe lundi prochain, l'annonce du projet de création d'un village des marques sur la zone du Normandie Parc a finalement filtré plus tôt que prévu.
Au lendemain du dévoilement de ce projet d'ampleur, certains commerçants se réveillent ainsi avec la gueule de bois. « Je trouve inadmissible que l'on prépare ce genre de projet dans l'ombre, sans aucune concertation et sans que l'on ne soit informé, martèle Gérald Ecoeur, propriétaire du magasin Icorie. La création d'un centre commercial comme celui-là, c'est la mort assurée du centre-ville. Mille emplois créés là-bas, c'est mille emplois perdus ici. » Un sentiment partagé par Jean-Louis Audier, de l'enseigne Vog, somme toute plus nuancé. « Il y a un vrai danger pour le centre-ville, c'est sûr, mais je n'ai pas une position tranchée sur le sujet. C'est difficile de savoir si un village de marques de ce type va tuer ou améliorer le commerce à Vernon. De toute manière, il faut déjà que le projet se concrétise. Il y aura une levée de boucliers, ça ne se fera pas comme ça. »
Farouchement opposés à la construction d'un magasin d'usine porté par le groupe Mac Arthur Glen à la fin du siècle dernier, les commerçants de Vernon mais aussi du département tout entier s'étaient mobilisés comme un seul homme et avaient multiplié les opérations pour faire capoter le projet. Avec succès. Quinze ans plus tard, force est de constater que bon nombre d'entre eux sont aujourd'hui beaucoup plus mitigés et que les avis divergent. « Je ne suis pas aussi contre ce projet qu'auparavant, avance-t-on au magasin Un jour ailleurs. A première vue, je n'en pense pas du bien mais la création d'un tel centre commercial va peut-être pousser les élus à dynamiser davantage le centre-ville, qui en a vraiment besoin. » Certains, à l'image de Sylvie Lecreux, gérante de l'enseigne La mie câline, sont même très enthousiastes. « C'est une excellente nouvelle ! C'est sûr, beaucoup de commerçants ont peur, mais il faut que la ville vive. Ça va créer une dynamique, de l'emploi, du pouvoir d'achat. Au lieu d'aller à Paris, les gens vont venir ici. Cela ne peut qu'être bénéfique pour Vernon. »
Par la voix de son président, Lucien Hadjadj, l'Ucial appelle de son côté la Cape, porteuse du projet, à réunir au plus vite autour d'une même table tous les acteurs du dossier. « Dans l'état actuel des choses, la ville de Vernon n'est pas prête à supporter une telle implantation. Les activités créées sont en concurrence directe avec les différents centres des villes avoisinantes. Cela reviendrait à déplacer le centre commercial sur le plateau et risquer de mettre en difficulté les commerçants de proximité. » Et le président de faire part de son étonnement quant à l'implantation d'un tel projet à cet endroit précis. « A notre connaissance, les surfaces dites commerciales ne pouvaient pas y prétendre. » A suivre…
« Plus de voitures » ou « offre complémentaire »
Jean-Claude Mary, le vice-président de l'agglo chargé du développement durable, n'était pas au courant du projet. « A l'époque de Mc Arthur Glen, j'avais avancé l'idée qu'il fallait limiter les flux de circulation automobile. J'étais un peu le seul à le dire. Maintenant, il y a le Scot (schéma de cohérence territoriale, ndr) qui nous dit qu'il faut entrer dans la société post-carbone… Si c'est pour avoir la même zone de chalandise qu'il y a quinze ans, je suis contre ce projet, toujours pour les mêmes raisons », fait savoir Jean-Claude Mary. Ce n'est pas l'avis d'Hélène Ségura, l'adjointe aux affaires économiques de Vernon. « On peut se réjouir de la dynamique que cela va créer. En terme d'emplois, c'est considérable », justifie-t-elle. A condition que ce projet ne porte pas atteinte au commerce local. Un point de vue que défendait Jean-Claude Mary il y a déjà quinze ans. « ll faut que ce soit une offre complémentaire, qui n'entre pas en concurrence avec le centre-ville. De ce que l'on sait par rapport à d'autres projets, cela apporte une dynamique sur le territoire et même le centre-ville. Cela peut constituer une attractivité locale, il faut miser là-dessus », souligne l'élue.
D'autant que la création d'emplois attendue permettrait « le développement de formations en lien avec les postes qui pourraient être occupés. » Si ce projet se concrétise à Douains, Hélène Ségura en est persuadée : un autre en fera les frais. Celui de zone commerciale à Saint-Just, toujours soumis à l'avis du conseil d'Etat. « Je ne vois pas comment une autre zone commerciale parviendrait à s'implanter à quelques kilomètres de là », justifie l'adjointe.
Pour Avenir Pacy Sur Eure c'est encore les mêmes qui ne font pas l'effort du dynamisme qui repoussent une nouvelle fois le projet.
Force est de constater que 15 ans après le 1er projet d'implantation, personne n'est en mesure aujourd'hui d'apporter 1000 emplois à nos jeunes dans une région où la désindustrialisation et les délocalisations sont évidentes.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire