29/12/2008

SNCF à l'Eure de la décadence

Depuis deux semaines, le cadencement des trains est lancé en Haute-Normandie.

De nouveaux horaires, plus de trains et surtout une modification des habitudes: ce grand chambardement a été mis à l'épreuve des fêtes de fin d'année, une période propice aux voyages. Aujourd'hui, ni la SNCF, ni son partenaire financier, la Région Haute-Normandie, ne souhaitent s'exprimer: «globalement c'est une réussite, mais il est trop tôt pour tirer le bilan», souffle-t-on à la direction de la SNCF.
Une prudence qui s'explique par un mois de décembre calamiteux ponctué par des mouvements sociaux, des pannes ou des maladies… Autant d'obstacles qui s'opposent à un cadencement bien rythmé. «Nous avons même eu un mécanicien malade. Victime d'une gastro-entérite, il a dû s'arrêter en gare. Il a fallu trouver un autre mécano… C'est rare, mais c'est arrivé», reconnaît un cadre SNCF.
Vernon dans l'Eure a cristallisé en quelques semaines le courroux des voyageurs avec la suppression de trains et les changements horaires. Un cadencement à hue et à dia qui suscite ironie ou colère des usagers. D'autres comme Manuel restent philosophes. Comme lui, 3000 voyageurs transitent quotidiennement par cette gare où les quais sont devenus ceux de la discorde. «Avec les nouveaux horaires j'arrive trente minutes plus tôt à mon travail, porte de la Chapelle. Le soir, je pars vers 19heures. Ca me convient. Mais le train n'est pas direct donc j'arrive vers 20h10. Au total, plus tôt le matin, plus tard le soir, je perds trois quarts d'heures de sommeil !
Mais avec plus de trains le matin, cela m'arrange. Je peux voir plus de clients. J'ai remarqué aussi que les habitudes ont changé. Beaucoup d'usagers ont décalé leurs horaires, j'ai rencontré de nouvelles personnes au départ de Vernon…» Le principal grief des Vernonnais concerne surtout les tarifs: les trains sont souvent comparés à des «omnibus», mais c'est le tarif grandes lignes qui prime.
La communauté des voyageurs mécontents se retrouvent régulièrement sur le blog «Train de vie». Les blogueurs racontent leurs mésaventures. Comme Nicolas, le 18 décembre dernier: «Avec le cadencement, je savais que la région Haute-Normandie et la SNCF m'imposeraient 30 minutes de trajet supplémentaire par jour. Mais dans les faits, non seulement je subis actuellement des temps de trajet allongés d'une heure mais en plus dans des conditions de transport très dégradées: Déjà, le matin, à la place d'un direct, je dois monter dans un omnibus qui, en plus, avance lentement entre Vernon et Mantes. Résultat 15minutes de perdues. Mais le soir, ne pouvant prendre le 18h30 (trop tôt pour moi), je pensais prendre le 18h53, le direct de 18h50 ayant disparu. Lundi et mardi, ce train était annoncé avec plus d'une heure de retard! Je me retrouve donc soit dans le 18h33 qui était encore là mais bondé, soit dans le 19h30 mais qui me fait arriver à Vernon à 20h10 au lieu de 19h30 avant le cadencement.» Plus longs, plus fatigants, plus stressants: à Vernon, le cadencement est vécu comme une punition.

source : ALAIN LEMARCHAND

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